vendredi, février 24, 2006

JOUR 6- Les Colons du Gush Etzion

Nous quittons le Dan Panorama avec regret. Embarcation pour le Sud, direction Efrat, une colonie implantée dans les Territoires, a quelques kilomètres au-delà de la ligne verte.
Efrat fait partie d'un groupe de colonies, entre Hebron et Bethleem, encerclées par le Mur de securité qui les rattachent, de fait, à l’Etat d’Israël. On y accède par
«les montagnes de Judée », nous explique Arieh. Toute une symbolique. Car pour les Israéliens, la Cisjordanie, qui abrite les Palestiniens, n'est autre que la Judée Samarie, terre ancestrale du peuple juif. Tout est dans les mots. "Colonie" du point de vue des Palestiniens et du droit international, "Implantation" ou "village" pour les Colons.


Cette "colonie" ou ce "village", donc, qui compte 8000 habitants, n’est pas prête de connaître le meme sort que Gaza. Il y a quelques semaines, Ehoud Olmert a déclaré que le Goush Etzion et Maale Adoumim ( 2 Colonies de peuplement) resteront en Israël pour l’Eternité.
Nous arrivons a Efrat. Stupeur. Moi qui m’attendais à des baraquements construits sur pilotis, c’est une véritable ville en expansion qui s’offre a nous. Une banlieue chic et bourgeoise de Jérusalem, voilà a quoi cela ressemble.
Nous pénétrons dans une synagogue. Là, des colons nous attendent pour discuter. Sabine est « montée » de Sarcelles, elle est en Israël depuis 19 ans. Ariel vient de Strasbourg. Il est monté en Israel a 18 ans. Beaucoup d’entre eux sont venus a Efrat par idéologie. Meyird, le chef de la sécurité à Efrat nous donne une petite lecon d’histoire juive. « Pendant la guerre de 1967, les Arabes ont voulu nous effacer. On a fait le contraire, on a doublé le territoire. Ce qu’ils veulent, c’est nous foutre a la Mer », s’exclame-t-il. Rendre des territoires aux palestiniens ?
« C’est comme si Al Qaida disait a l’Etat francais on veut un terrain et on vous laissera tranquille », poursuit-il.
A les entendre, on a du mal a imaginer dans quelles limites le futur Etat palestinien pourrait voir le jour. Puisque les colons revendiquent le droit de vivre sur la terre d’Israël, tel qu’il y a 2000 ans.
Pour arriver à une paix entre les deux peuples, certains seraient prêts a faire des concessions. Partir, par exemple ? "pourquoi pas", répondent certains. Mais, "rendre des territoires ne mènerait pas a la paix", s’empressent-ils d’ajouter. « Si on coupe l’Etat en petite tranche comme du salami et qu’on n’a pas la paix, ca sert a rien ».


« Ici, on est chez nous. Un juif sait qu’il est en securité. On recoit une baffe, on en rend deux ».



En se balladant dans le centre d’Efrat, on apercoit très distinctement, en face, les villages palestiniens qui ne bénéficient pas du luxe dans lequel vivent les habitants d’Efrat.


JC Lescure, en pleine discussion avec un habitant d'Efrat



La colonie est en pleine expansion. Pour un habitant, journaliste a l’AFP, le but est de s’étendre jusqu'à Jérusalem et de devenir un quartier de la ville. Ainsi, le territoire sera annexé de fait. « Les Palestiniens sont fous de rage, explique Pierre Weill, alors que nous sommeillons dans le car. Alors qu’il n’y a toujours pas de négociations, les Israeliens grignotent, mangent du territoire ». Ces territoires ne seront plus sur la table de négociations quand celle-ci auront lieu.
En effet, les habitants sont si bien installés qu’on voit mal comment on pourrait les déloger.

Dans la synagogue, la fougue de Didier Epelbaum a failli ne pas nous faire ressortir vivant. Alors qu’on l’interroge sur le sentiment d’insécurite qui règne dans les "territoires", une habitante fait un parallèle avec Sarcelles. « A Sarcelles, il y a des quartiers, comme la Cite des 3000, où on ne rentre pas ». Epelbaum sort de ses gonds. « Vous ne pouvez pas tenir ce type de discours a des parisiens, ce n’est pas la réalité. » Après quoi, un des colons l’interroge : « pouvez vous me rappeler ce qui s’est passé avec VOS Arabes dans les BANLIEUES, n’y a-t-il pas quelques voitures qui ont brulées ? »
Avant d’ajouter : « Ici, on est chez nous. Un juif sait qu’il est en securité. On recoit une baffe, on en rend deux ».

Au loin, des maisons sur pilotis. Futur terrain où les colons d'Efrat comptent étendre leur "village", jusqu'à ce qu'il devienne un quartier de Jérusalem.


Petits réglages techniques ou comment faire la balance des Blancs avec un kleenex.

2 commentaires:

Aurélie a dit…

Coucou,
pour la balance des blancs, il faut ni kleenex ni feuille blanche mais...deux verres minimum !

Tu reconnaîtras l'alcoolisme inhérent à notre chère profession.
La méthode, infaillible, pour réussir sa balance des blancs est expliquée sur mon blog !

Borisa

Anonyme a dit…

Post qui peut déboucher sur un débat super interessant !
Tu l'as dit ,tout est ds les mots : je me souviens avoir fait toute une dissert' de droit international critiquant l'emploi du mot "colon" en israël...