mercredi, février 22, 2006

JOUR 4 en ISRAEL- YAD VASHEM


Matinée émotion, moments bouleversants.
Notre guide Arieh nous a conduit au plus grand mémorial de la shoah au monde, qui accueille, chaque jour, des cars entiers de touristes, d'élèves, de militaires, venus se plonger dans la tragédie du peuple juif.
Architecture impressionnante, un peu a l'image du nouveau mémorial inauguré à Berlin, en mars 2005. "Le 1er musée, qui existait depuis les années 1960 était devenu un peu obsolète, et surtout souffrait de la concurrence de Washington", m'a glissé Alain Michel, notre conférencier pendant la visite du Mémorial.
"C'est important de commencer la destruction par la vie", explique-t-il. La visite débute par la vie que les juifs d'Europe de l'Est menaient dans leurs pays, avant qu'ils ne basculent dans la plus horrible des répressions. Un petit film défile sur l'écran. On y voit des enfants jouer gaiement, des enseignants qui font répéter l'alphabet a leurs élèves. On est dans les campagnes, on passe peu a peu dans les villes. Les juifs y sont bien intégrés. Sur l'entrée des bibliothèques, une inscription a la fois en Polonais et en yiddish.
Ces juifs Polonais sont heureux, ils dansent des horas sur le son des violons. C'est un peu le village de Tevieh, le laitier, dans Un violon sur le Toit. Même paysage, même histoire. Une chorale d'enfant chante la Atigva, l'hymne israélien, hymne de l'espoir qui prie pour le retour en terre promise.
L'émotion nous gagne déjà.
Puis on passe à la fin. En septembre 1944, l'Armée Rouge découvre des corps sans vie, décharné, en Estonie. Ce lieu est symbolique. Il montre que le génocide des Juifs, a la différence du génocide Tutsi au Rwanda ou du génocide arménien n'était pas limité géographiquement, il s'est étendu a toute l'Europe.

Le but des nazis : distinguer les juifs du reste de la population : ils n’ont jamais réussi.

Et pourtant. On découvre bientôt que le juifs, en Allemagne, ne représentaient que 0.8% de la population. Hallucinations devant ce chiffre médiocre, devant la disproportion de l'évènement. Comment a-t-on pu accuser 0.8% de la population d'être les maîtres de l'Allemagne, de corrompre la société entière? " Cela montre bien que la shoah ne repose que sur du fantasme, il n'y a rien de concret', tempère le conférencier.
Du concret, il n'y en a pas, et les nazis ne parviendront pas a formaliser de définition scientifique autour du juif. On voit en effet plusieurs photos ou des nazis mesurent le nez des juifs, la taille de leur crâne, la couleur des cheveux. Leur but: pouvoir distinguer les juifs du reste de la population. « Ils n'ont jamais réussi ».
C'est surtout un musée qui vit par la richesse des objets collectés. Plus de 22500 objets sont disposés dans les différentes salles. Des dons que les rescapés des camps ont fait au Mémorial, ou bien le fruit de 10 ans de travail de l'équipe du Yad Vashem.
Pleins d'anecdotes, de témoignages, qui donnent la chair de poule...
C'est simple. Plus personne n'ose se regarder, ni parler, tout le monde est happé par les mots de notre conférencier qui parle juste, nous plonge dans les histoires des déportés.

Si nous sommes tant saisis par l’émotion, c’est que plus que dans n’importe quel livre d’histoire, plus que ds n’importe quel image inlassablement vue et revue, Yad Vashem nous permet de pénétrer dans leur monde.
Ils ont chacun une histoire personnelle. Alain Michel, se plaît à conter des détails. L’histoire de cette petite fille qui est aujourd’hui âgée, et qui reste traumatisée, persuadée qu’elle est responsable de la mort de sa mère. Sa prof l’avait envoyée faire une collecte d’argent, elle avait dépassé l’heure du couvre feu au-delà duquel les juifs n’étaient plus autorisés à circuler dehors. Elle avait été emmenée au commissariat. Sa mère était venu la chercher, avait donné son adresse. Quelques jours plus tard, elle était arrêtée à son domicile et intégrée a la rafle du Vel d’Hiv du 16juillet 1942.

Selon son état, c’était à droite ou à gauche. A droite la vie, a gauche la mort.

D’autres histoires qui redonnent un peu de vie dans cet horizon macabre. Un Monopoly fabriqué par des éducateurs a Treblinka, pour amuser les enfants. L’originalité étant que les cases portaient les noms de rues de Treblinka.
Beaucoup d’objets, l’histoire de ce collier de diamants que cet industriel français avait acheté pour sauver sa famille. A son retour des camps, le collier était toujours là, mais sa famille elle, avait péri. Il offrit le collier à Yad Vashem en signe de mémoire à sa femme et enfants disparus. « Les objets parlent », s’enthousiasme Alain Michel.
Parmi ces objets, ces histoires, on apprend que de petites choses peuvent sauver la vie.
Par exemple, le rouge que Rosa Sperling et sa sœur se mettaient sur les joues pour se donner bonne mine quand le médecin du camp de Birkenau passait.

Car selon son état, c’était à droite ou à gauche. A droite la vie, a gauche la mort.
La mort, c’était les chambres a gaz. « Tout était fait pour mettre les gens en confiance, explique le conférencier, on faisait déshabiller les gens et on leur demandait de surtout bien retenir le crochet au bout duquel ils avaient accroche leurs vêtements, une pure hypocrisie. » On a devant nous, reconstituée en maquette, l’horreur. De petits bonshommes blancs, entassés dans un espace confiné, luttant, se tortillant, s’affaissant. « C’était une lutte a mort a l’intérieur des chambres a gaz. », poursuit il. Ceux qui étaient prêts des poteaux, d’ou se dégageait le zyklon B, se reculaient puis essayaient de grimper a tout pris pour avoir de l’oxygène. Cela ne durait que 2-3 minutes. Mais pour les gens a l’intérieur, c’était une éternité ».

A la fin du Musée, des chiffres consternants, dont celui-ci : Sur 3,3 millions de Polonais, 3 millions sont morts.

L’hymne de la atigva, chanté par les enfants polonais du début nous rattrape, berce la voix du conférencier que nous suivons depuis le début grâce a une petite oreillette-système ingénieux qui permet de ne pas être scotché a son guide- les larmes guettent, nous pénétrons enfin dans la salle des noms. Des photos, noms, classeurs pleins d’histoire tournoient devant nos yeux, viennent se refléter dans un trou noir. Même au plus profond de l’abîme, ils ne sont pas oubliés.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bravo, tres interressant, tu rencontres de super journalistes!quel est le pourcentage de juifs dans ton groupe? je connais alain michel si il vient de nancy!!tu dois faire une conf. en rentraznt à paris pour tes proches bisous catherine kope qui aimerait bien voyager comme toi!